Nantes

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Nantes - Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul

Méconnue, la cathédrale de Nantes mérite que l'on relate son histoire si longue et mouvementée.

C'est ainsi que nous allons remonter à ses origines, en nous appuyant sur les informations précieuses de J.B.Russon qui fut chanoine à Nantes.

Voici les premières informations que nous pouvons obtenir sur les origines de cette cathédrale :


"L'antique cité des Nannètes reçut vraissemblablement l'Evangile dans le courant du IIIe siècle. Saint Clair, son premier évêque, envoyé par le pontife romain, apportait avec lui le clou qui avait fixé à sa croix l'une des mains de saint Pierre. Pour y déposer cette précieuse relique, il édifia, nous assure la légende contenue dans un bréviaire du XVe siècle, un oratoire qu'il dédia aux bienheureux apôtres Pierre et Paul."(1)

[...]

"De la légende, écrite ou orale, nous passons à l'histoire en disant que dès le IVe siècle, la communauté chrétienne éleva, dans la partie orientale de la ville, une première église proprement dite, sous laquelle étaient creusées trois petites cryptes, et qui devaient durer jusqu'au temps de Clotaire, fils de Clovis."(1)

[...]

Cette basilique ne tarda pas à devenir insuffisante pour le nombre croissant des fidèles : il fallut songer, au VIe siècle, à rebâtir sur un plan plus vaste. Autour du premier sanctuaire, l'évêque Evhémérus II (527-549) jeta donc les fondements d'une grande église, nous dit toujours le manuscrit du XVe siècle. Il poussa même assez avant la construction puisque, au dire de Fortunat, évêque de Poitiers, "il éleva le comble de l'église et la mit sous un seul toit". Saint Félix (540-582), successeur d'Evhémérus, l'acheva et la décora avec magnificence."(1)


Sa construction débute donc véritablement au VIe siècle. Ensuite tourmentée elle connaîtra  les affres de l'histoire et la destruction, l'actuel édifice n'est entammé qu'en 1434. Il subira à nouveau les tourments de l'histoire à l'époque de la révolution Française. A ce moment, la cathédrale est reconvertie en arsenal et est menacée de destruction totale. Cette cathédrale gothique est caractérisée par des voutes très hautes : 37.5 m contre 33 m pour Notre-Dame de Paris.


LE TOMBEAU

On y trouve un joyau : le tombeau des Carmes (plus communément appelé le tombeau de François II) largement commenté par Fulcanelli dans le mystères des cathédrales.Il est l'oeuvre de Michel Colombe et Jehan Perréal. Jean Perréal, initié à l'Art, fut le premier en France à entourer un cénotaphe par les statues des apôtres, nul doute qu'on y trouvera, en plus d'une signification religieuse, un sens symbolique hermétique. Michel Colombe, lorsqu'il reçoit commande du tombeau est plus que septuagénaire et parmi ses aides, il peut compter sur : Guillaume Regnault, le beauceron Jehan de Chartres, les Italiens Bernardino et Dominico de Mantoue, le Florentin Jeronimo de Fiésole. Les travaux débutèrent en 1502 et s'achevèrent en 1507. Cette oeuvre est réalisée majoritairement en marbre de luni : blanc et peu veiné, ce qui lui donne cet aspect de blancheur et de pureté, mais aussi marbres noirs de Liège.

Une fois achevé, ce chef d'oeuvre est initialement placé dans le couvent des carmes en 1507, au milieu du choeur des moines. Anne, y fit déposer la dépouille de sa mère Marguerite de Foix, le 25 mai 1507, qui gisait dans la cathédrale depuis 1487, et la dépouille de son père qui avait été enterré aux Carmes en 1488 en compagnie de son épouse Marguerite de Bretagne qui avait quand à elle été enterrée au même lieu en 1469.

Anne, y fera déposer son coeur placé dans un écrin d'or, après sa mort, le 19 mars 1514. Ainsi le souhait de celle qui fut duchesse des Bretons et deux fois reine de France fut réalisé. On sait que le coeur y était bien car, en 1590, lors d'une inondation, le reliquaire d'or tombe à l'eau. Il fut récupéré après ouvrture du tombeau et ouvert afin de vérifier son état, c'est à cette occasion, qu'au dire d'un Carme on pu constater la présence de la relique.

Puis vint la révolution Française et le couvent des Carmes fut vendu le 16 décembre 1791. L'acheteur menaçant de détruire le couvent (ce qui fut fait), il fallait d'urgence déplacer le tombeau. Il fut transporté d'abord dans l'église Saint-Pierre, puis par l'architecte Mathurin Crucy dans l'enclos des Ursulines (actuel jardin des plantes de Nantes). C'est le citoyen Letourneur, préfet de Loire-Inférieure qui s'oppose à la destruction du cénotaphe, puis le ministre de l'intérieur Lucien Bonaparte, le 22 thermidor an VIII (1800) décide que l'on ne toucherait pas à un "monument historique qu'il serait peut-être intéressant de conserver". Le tombeau est enfin remonté et remis en place dans la cathédrale de Nantes, en 1817.(2)


"L'ouverture de ce tombeau fut faite, en vertu de l'ordre du roi, par le maire de Nantes et l'intendant de Bretagne, les 16 et 17 octobre 1727 :

Voici une description faite lors du procès verbal établi en 1727 : "Les corps du Duc François II, et des deux duchesses, Marguerite de Bretagne et Marguerite de Foix, ses épouses, avec le cœur d'Anne, héritière duchesse de Bretagne, fille de ce duc et de Marguerite de Foix, et deux fois reine de France, gisent sous ce royal et magnifique tombeau, que cette reine fit construire a la  mémoire de très-haut et très-magnanime prince et duc de 'Bretagne, François Il, son père, par l'art et l'industrie de Michel Colomb, premier sculpteur de son siècle, originaire de l'évêché de Léon. "


(1) La Cathédrale de Nantes - J.B.Russon & D.Duret (1933)

(2) informations tirées de : LE TOMBEAU DE FRANCOIS II - J.B. Russon - (1941)

François II Duc de Bretagne

Frañsez II (en Breton) né en 1433 à Clisson (ne pas confondre avec le Roi François II), fils de Richard d'Etampes, Il épouse Marguerite de Bretagne en 1455 qui meurt en 1469, puis épouse en secondes noces Marguerite de Foix en 1471 qui décèdera en 1486. De ce mariage, il aura deux enfants : Anne qui nait en 1477 (qui sera l'épouse du Roi Charles VIII) et Isabeau qui nait en 1478 et  meurt prématurément en 1490. Il décède en 1488 à l'âge de 29 ans seulement à Couëron à côté de Nantes. En 1499, Anne décide de faire construire un tombeau qui contiendra la dépouille de ses parents : François II et Marguerite de Foix, que l'on connaît sous l'appellation de "tombeau de François II". Ce tombeau est érigé dans le couvent des Carmes à Nantes.

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Les douze apôtres :

Dans l'ordre d'apparition : Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-André, Saint-Jacques-Le-Mineur, Saint-Jean, Saint-Philippe, Saint-Matthieu, Saint-Barthélemy, Saint-Thomas,Saint-Jacques-Le-Majeur, Saint-Simon, Saint-Jude. Saint-Matthias a été évincé par Saint-Paul puisque ce dernier n'est pas considéré comme un apôtre, et que le premier avait pris la place de Judas après sa disparition. Sans doute, les artistes ont-ils jugés que Paul était plus emblématique que Matthias. En chaque extrémité du cénotaphe on trouve deux niches supplémentaires où l'on trouve côté têtes des gisants : Charlemagne et le Roi Saint-Louis, de l'autre côté : Saint-François d'Assise et Sainte-Marguerite.

Attributs des apôtres et saints sur le cénotaphe :

  • Saint-Pierre, Simon (surnommé Pierre), tient les clefs des âmes et du Royaume des Cieux dans la main droite, et le livre ouvert (ésotérique) dans la main gauche."Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église. La clé est dans le livre, celle du livre de pierre …
  • Saint-Paul est représenté tenant l'épée, objet de son martyr puisqu'il fut décapité à l'épée. On peut y voir également le symbole de la rectification.
  • Saint-André est représenté avec une croix en forme de X sur laquelle il fut crucifié..
  • Saint-Jacques le mineur, Jacques d'Alphée, cousin germain ou frère de Jésus. Il est représenté avec le bâton qui servit à son exécution, duquel il reçu les coups mortels portés par un tanneur après un début de lapidation.
  • Saint-Jean, le plus jeune, frère de Jacques-Le-Majeur, portant le calice.
  • Saint-Philippe portant la croix sur laquelle il fut suplicié crucifié comme Simon-Pierre, la tête à l'envers.
  • Saint-Matthieu portant la massue, objet de son martyre.
  • Saint-Barthélemy, portant un long couteau avec lequel il fut écorché vif.
  • Saint-Thomas, avec l'équerre (patron des architectes et des maçons, arpenteurs et tailleurs de pierre).
  • Saint-Jacques-Le-Majeur avec la pique, et le majeur pointé.
  • Saint-Simon, tenant une scie, objet de son Martyre.
  • Saint-Jude et la hache, objet de son martyre.
  • Puis Charlemagne, Saint-Louis, Saint-François d'Assise et Sainte-Marguerite patron et patronne de François II et Marguerite de Foix.

Médaillons. Au nombre de seize, ils sont situés dans le bas du tombeau et de petites dimensions, si bien qu'ils passent souvent inaperçus des visiteurs. Photographiés en gros plan et isolés, ils font ressortir la finesse de leur sculpture.

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Attributions :

(1) « Blason Nantes ». Sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Blason_Nantes.svg#mediaviewer/File:Blason_Nantes.svg

(4) « BNF - Latin 9474 - Jean Bourdichon - Grandes Heures d'Anne de Bretagne - f. 3r - Anne de Bretagne entre trois saintes (détail) » par Jean Bourdichon — http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f14.item. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:BNF_-_Latin_9474_-_Jean_Bourdichon_-_Grandes_Heures_d%27Anne_de_Bretagne_-_f._3r_-_Anne_de_Bretagne_entre_trois_saintes_(d%C3%A9tail).jpg#mediaviewer/File:BNF_-_Latin_9474_-_Jean_Bourdichon_-_Grandes_Heures_d%27Anne_de_Bretagne_-_f._3r_-_Anne_de_Bretagne_entre_trois_saintes_(d%C3%A9tail).jpg

(3) Blason de François II avant qu'il ne devienne Duc de Bretagne, par : « Blason François II de Bretagne (1435-1488) Comte d'Etampes ». Sous licence Creative Commons Attribution 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Blason_Fran%C3%A7ois_II_de_Bretagne_(1435-1488)_Comte_d%27Etampes.svg#mediaviewer/File:Blason_Fran%C3%A7ois_II_de_Bretagne_(1435-1488)_Comte_d%27Etampes.svg